​Selon l’encyclopédie en ligne, un paysage sonore est «  un son, ou une combinaison de sons, qui se forme ou qui apparaît dans un paysage immersif ». Donc, ce paysage est une histoire sensorielle, une écologie acoustique à laquelle se mêlent des sons naturels et produits par l’humain. 

Les sons, comme les images ou les évènements, peuvent donc nous transporter dans des souvenirs et nous faire ressentir des émotions. On dit souvent qu’une mère arrive sans problème à reconnaître les pleurs de son bambin parmi les pleurs des autres enfants.  Les sons peuvent donc nous amener le réconfort ou l’irritation, voire provoquer l’état d’urgence.

Ce qu’il y a de magnifique dans le bruit de notre environnement, c’est qu’il peut aussi nous faire sentir chez soi.

De retour depuis un long voyage, un son autrefois si banal peut donc nous plonger dans l’enchantement de revenir dans notre patelin. C’est ce sentiment difficile à décrire, mélangeant la plénitude, le bonheur et la joie, qui m’envahit quand je me pose au bout du quai à Sainte-Angèle par une journée brumeuse et que je porte l’oreille aux cornes des paquebots qui annoncent leur arrivée sur la voie navigable. Ce bruit sourd, si anodin, me rappelle mon enfance à jouer au bord de notre beau fleuve Saint-Laurent, à y amasser trésors et roches empreintes de fossiles. Il me remémore le moment aujourd’hui cocasse, mais autrefois épeurant, de trouver une grosse barbotte morte sur la rive, ce monstre moustachu aux petits yeux noirs.

Probablement que si j’allais en voyage dans les plus chaudes et lointaines eaux du globe, les flûtes des bateaux qui s’annoncent me rappelleraient toujours mon magnifique petit coin de pays. C’est entre autres ce bruit sourd que les bateaux émettent, malgré le fait que je l’aie entendu maintes et maintes fois, qui me rappelle la beauté dans ma ville.

Lors de la prochaine journée de brume, ayez l’oreille attentive et écoutez le chant envoûtant de nos sirènes fluviales.